jeudi 4 novembre 2010

Rencontre

Rencontre entre jeunes

Européens organisée par

l’OFAJ* à la Cité

Universitaire:

Compte-rendu de conférence, 02/11/2010, par Benjamin Duhamel.

* Organisation franco-allemande de la Jeunesse

Ce 5 octobre 2010, il était donc décidé que nous allions nous rendre à la Cité Universitaire Internationale, dans la"Maison des étudiants belges et luxembourgeois", pour assister à un débat portant sur la question suivante : "20 ans après l'unité allemande : une jeunesse européenne sans frontières ?", ou comment juger de l’intégration européenne à travers le cas de l’intégration allemande.

Entrée principale de la Cité Universitaire internationale.

Le lieu est, évidemment, un symbole : projet engagé en 1920, la Cité Universitaire comporte aujourd’hui plus de 40 « Maisons » formant un ensemble représentatif des pays du monde tout à fait exceptionnel. Dans le contexte du pacifisme de l’Entre-deux-guerres, il s’agissait d’imaginer un endroit où se côtoieraient des étudiants venus du monde entier ; pour en imaginer un meilleur ? C’est encore aujourd’hui un véritable symbole d’unité et d’entente entre les peuples, que 10000 étudiants fréquentent chaque année.

A notre arrivée, nous furent tout d'abord surpris par l'impossibilité d'obtenir des appareils de traduction en français ; ils n'étaient disponibles qu'en anglais, à cause de l’affluence des auditeurs francophones. Embêtant pour une conférence ayant lieu en France! (mais en Europe). Ce manque se fit d'autant plus ressentir que les trois quarts du débat furent tenus en langue allemande.

La conférence commença par une présentation des participants, assurée par une journaliste indépendante à Berlin, qui était chargée d'animer la table ronde : Cécile Boutelet. Après le retrait inattendu du député européen Alain Lamassoure, les intervenants étaient présents au nombre de 4 : Gaëtane Ricard-Nihoul, secrétaire générale du conseil d'administration de l'association "Notre Europe", Martin Dulig, président du groupe parlementaire SPD, Hendrik Berth, chercheur et membre du département de sociologie médicale du CHU de l'Université Technique de Dresde et Milan Horacek, ancien député européen et membre du Parti Vert tchèque.

Le premier thème abordé traita de l’ambition européenne, de ses valeurs communes et de son pouvoir de transmission. Les participants au débat s’accordèrent pour dire que l’enthousiasme de la jeunesse au sujet de l’Union Européenne était formidable, et grandissant. Cependant, divers facteurs sont, selon eux, des ralentisseurs conséquents : le manque de passeurs pour transmettre la « pensée européenne » aux jeunes générations, la persistance des préjugés et les nombreux clivages socio-économiques, par exemple entre l’Allemagne de l’ouest et l’Allemagne de l’est.

Il fut ensuite question du couple franco-allemand, et de son rôle dans l’Union Européenne. (Grande avancée, à ce moment du débat nous avions réussi à obtenir des appareils de traduction en français). Gaëtane Ricard-Nihoul fut la plus loquace à ce sujet. Elle expliqua que ce couple était nécessaire, mais pas suffisant ; que même si un accord entre ces deux pays constituait une force non négligeable, l’Union Européenne, avec 27 pays membres, ne pouvait se limiter à la puissance franco-germanique.

Le troisième thème abordé fut l’un des plus fournis ; il s’agissait de l’unité et de la diversité en Europe. En effet, la devise de l’Union Européenne, « Unie dans la diversité » pose de nombreuses questions. Par exemple, comment concilier les différences entre les peuples et la mise en place d’un esprit européen commun ? Les membres de la table ronde débattirent longuement. Pour conclure, un des participants cita Jacques Delors affirmant que l’Union Européenne est le fruit d’une « compétition qui stimule, d’une coopération qui renforce et d’une solidarité qui unit ». En effet, tout en prenant compte le marqueur identitaire européen principal qu’est la diversité, de nombreuses mesures sont et peuvent être prises : la politique de cohésion pour unifier le territoire et gommer les inégalités, le rapprochement des individus par la construction d’une « notion européenne », qui, tout en respectant les particularités propres à chaque peuple, permettra l’émergence d’une « Europe-Nation ».

Les intervenants parlèrent enfin de la montée de l’extrême-droite dans l’Union Européenne. Selon eux, le problème vient avant tout de la recherche de l’identité et du manque d’intégration. En effet, les divers problèmes sociaux et économiques ont souvent pour conséquences un repli sur soi, et la recherche de sécurité qui provoque l’exclusion des « autres ». C’est donc ici que doit intervenir, selon les débatteurs, l’Union Européenne. Par une unité de discours sur les valeurs et une lutte contre l’ultranationalisme, les pays membres de l’Union Européenne doivent proclamer encore et toujours leurs principes communs, fondés sur les droits de l’homme, qui donneront à l’identité européenne une lisibilité accrue.

Mais la Charte des Droits fondamentaux n’a pas valeur juridique car le Traité constitutionnel a été rejeté par les Français et les Néerlandais, faut-il le rappeler, en 2005.

Le débat terminé, les spectateurs furent invités à se rejoindre au cocktail. Malheureusement, il fut impossible de parler avec des participants ; la « barrière de la langue », encore. Nous nous consolâmes grâce aux petits fours mis à notre disposition. Ce débat, malgré un début laborieux, fut très intéressant, non seulement au sujet de la jeunesse européenne, thème central, mais également au sujet des valeurs et des enjeux futurs.




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