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lundi 27 juin 2011

Conférence organisée au Lycée Henri IV par l’Association d’Etudes Germaniques, 24 mars 2011 :

Au delà de la crise

financière, quel avenir

pour

l'Union Européenne ?

Compte-rendu de conférence, par Garance De B. de Montvalon

L'Allemagne, le bon élève de l'Union Européenne, peut elle assurer la cohésion de l'Europe ?

Gravité de la crise : une Europe qui tend vers l'éclatement ? L'avenir de l'Europe dépend-il de Berlin ?

Jacques de Larosière a été successivement directeur général du FMI, gouverneur de la banque de France, et président de la Banque Européenne de Reconstruction et de Développement.

Sylvie Goulard est députée européenne – groupe ADLE –, membre de la Commission parlementaire des affaires économiques et monétaires, auteure de plusieurs livres sur les questions européennes. Elle est fortement engagée pour l'Europe. Elle prône une nouvelle construction de l'Union Européenne.

Intervention de Jacques de Larosière :

Équilibre mondial : l'Europe va très bien. Alors que les Etats-Unis et l'Asie possèdent des déséquilibres structurels, ce n'est pas le cas de l'Union Européenne.

Cependant il existe des disparités très profondes à l'intérieur de la zone. L'Europe connait un excédent considérable de la balance des paiements.

L'Allemagne est, elle, dans une situation de déséquilibre structurel qui appelle une correction.

L'Union Européenne est originale et forte, notamment parce qu'elle possède une monnaie et une gouvernance communes, mais par contre, elle n'a pas établi de politique monétaire commune. Par conséquent, il existe une disparité entre le caractère totalement fédéral de la monnaie, et d'autre part le fait que les politiques budgétaires et fiscales restent du domaine national ; ce qui est la source de problèmes aujourd'hui...

Pourquoi de telles disparités posent problème ? Avoir une politique monétaire commune signifie avoir un taux d'intérêt et un taux de change unique de l'euro vis à vis du dollar américain. Il n'est donc pas possible de diviser la monnaie. Si tel est le cas, et c'est le cas, un grand danger pèse sur le fonctionnement de la zone monétaire : la compétitivité entre les pays membres, plus précisément entre les pays qui connaissent des hausses de salaire et ceux qui pratiquent une politique monétaire modérée. Cela a pour conséquence un coût unitaire salarial qui se dégrade. Un pays qui laisse sa compétitivité se détériorer s'installe dans un déficit extérieur.

Quand un pays s'installe durablement dans un déficit extérieur, il rencontre rapidement un problème de moindre croissance : ses produits sont plus difficiles à placer, etc.

Un pays de la zone euro qui connaitrait un excès de demande (c'est à dire un pays ayant une politique négligente de déficit public), aurait intérêt à avoir une politique monétaire plus exigeante que la moyenne. Il devrait calmer la demande, et pour ce faire, augmenter les taux d'intérêt, qui est l'arme d'une politique monétaire efficace.

Jacques de Larosière explique que l'Allemagne se serait peut-être mieux comportée si sa politique avait été plus restrictive que la moyenne.

La disparité ne peut être résolue que par une discipline en matière de politique économique, budgétaire notamment, et par une politique de coopération.

Le Pacte de stabilité et de croissance est destiné à encadrer les politiques économiques et budgétaires d'une manière coopérative. Le problème que pose ce dispositif est qu'il ne comprend pas de sanctions ; de plus les deux pays leader de l'euro ont montré le mauvais exemple : ils ont connu de mauvais moments avec des déficits budgétaires excessifs. Les pays plus petits sont plus enclins à des déficits budgétaires excessifs.

Ce pacte comporte un dispositif rudimentaire : que faire après une baisse de la dette publique ?

En réalité, l'économie est plus complexe : elle est privée. Il peut y avoir emballement, et entrainer l'excès du retour au crédit.

Contrairement aux idées reçues, l'Irlande, comme l'Espagne, n'avait pas de débordement budgétaire. Le souci n'est pas là. C'est l'emballement du crédit qui a emporté ces pays dans une crise financière.

Il faut prendre en compte l'ampleur de l'équilibre de compétitivité qui s'est installé, de 2000 à 2011 : l'Espagne, la Grèce, et la France ont perdu entre 10 et 15% de compétitivité.

Il faut absolument agir sur les couts de production, c'est à dire agir sur les salaires, les cotisations sociales, ainsi que les prélèvements obligatoires.

Penser qu'il faudrait quitter l'euro serait une énorme erreur ; ce serait dévaluer en profondeur la monnaie. Cela serait signe d'appauvrissement du pays, et la dette deviendrait énormément accrue.

Extraits de l'intervention de Sylvie Goulard :

Il est important de noter que l'Europe a pris des décisions remarquables après la crise. Les commentaires de la presse ne sont pas objectifs ; ils n'ont pas pris en compte l'état de la finance avant.

On a souvent réagi très tard, au moment où l'on était déjà sur l'obstacle. Mais l'Europe a contribué à la création du G20. On a su tiré des enseignements des crises du 20e siècle.

Pendant des mois, il y a eu un déni de réalité en Allemagne. Elle a pourtant conscience des enjeux : le plan pour la Grèce coûte 10 milliards, alors que le budget de l'Europe est de 100 milliards.

Il faut arriver à maitriser la dette. La modération des Européens est un atout.

"Etre eurosceptique, c'est ignorer l'interdépendance des économies. "

jeudi 4 novembre 2010

Rencontre

Rencontre entre jeunes

Européens organisée par

l’OFAJ* à la Cité

Universitaire:

Compte-rendu de conférence, 02/11/2010, par Benjamin Duhamel.

* Organisation franco-allemande de la Jeunesse

Ce 5 octobre 2010, il était donc décidé que nous allions nous rendre à la Cité Universitaire Internationale, dans la"Maison des étudiants belges et luxembourgeois", pour assister à un débat portant sur la question suivante : "20 ans après l'unité allemande : une jeunesse européenne sans frontières ?", ou comment juger de l’intégration européenne à travers le cas de l’intégration allemande.

Entrée principale de la Cité Universitaire internationale.

Le lieu est, évidemment, un symbole : projet engagé en 1920, la Cité Universitaire comporte aujourd’hui plus de 40 « Maisons » formant un ensemble représentatif des pays du monde tout à fait exceptionnel. Dans le contexte du pacifisme de l’Entre-deux-guerres, il s’agissait d’imaginer un endroit où se côtoieraient des étudiants venus du monde entier ; pour en imaginer un meilleur ? C’est encore aujourd’hui un véritable symbole d’unité et d’entente entre les peuples, que 10000 étudiants fréquentent chaque année.

A notre arrivée, nous furent tout d'abord surpris par l'impossibilité d'obtenir des appareils de traduction en français ; ils n'étaient disponibles qu'en anglais, à cause de l’affluence des auditeurs francophones. Embêtant pour une conférence ayant lieu en France! (mais en Europe). Ce manque se fit d'autant plus ressentir que les trois quarts du débat furent tenus en langue allemande.

La conférence commença par une présentation des participants, assurée par une journaliste indépendante à Berlin, qui était chargée d'animer la table ronde : Cécile Boutelet. Après le retrait inattendu du député européen Alain Lamassoure, les intervenants étaient présents au nombre de 4 : Gaëtane Ricard-Nihoul, secrétaire générale du conseil d'administration de l'association "Notre Europe", Martin Dulig, président du groupe parlementaire SPD, Hendrik Berth, chercheur et membre du département de sociologie médicale du CHU de l'Université Technique de Dresde et Milan Horacek, ancien député européen et membre du Parti Vert tchèque.

Le premier thème abordé traita de l’ambition européenne, de ses valeurs communes et de son pouvoir de transmission. Les participants au débat s’accordèrent pour dire que l’enthousiasme de la jeunesse au sujet de l’Union Européenne était formidable, et grandissant. Cependant, divers facteurs sont, selon eux, des ralentisseurs conséquents : le manque de passeurs pour transmettre la « pensée européenne » aux jeunes générations, la persistance des préjugés et les nombreux clivages socio-économiques, par exemple entre l’Allemagne de l’ouest et l’Allemagne de l’est.

Il fut ensuite question du couple franco-allemand, et de son rôle dans l’Union Européenne. (Grande avancée, à ce moment du débat nous avions réussi à obtenir des appareils de traduction en français). Gaëtane Ricard-Nihoul fut la plus loquace à ce sujet. Elle expliqua que ce couple était nécessaire, mais pas suffisant ; que même si un accord entre ces deux pays constituait une force non négligeable, l’Union Européenne, avec 27 pays membres, ne pouvait se limiter à la puissance franco-germanique.

Le troisième thème abordé fut l’un des plus fournis ; il s’agissait de l’unité et de la diversité en Europe. En effet, la devise de l’Union Européenne, « Unie dans la diversité » pose de nombreuses questions. Par exemple, comment concilier les différences entre les peuples et la mise en place d’un esprit européen commun ? Les membres de la table ronde débattirent longuement. Pour conclure, un des participants cita Jacques Delors affirmant que l’Union Européenne est le fruit d’une « compétition qui stimule, d’une coopération qui renforce et d’une solidarité qui unit ». En effet, tout en prenant compte le marqueur identitaire européen principal qu’est la diversité, de nombreuses mesures sont et peuvent être prises : la politique de cohésion pour unifier le territoire et gommer les inégalités, le rapprochement des individus par la construction d’une « notion européenne », qui, tout en respectant les particularités propres à chaque peuple, permettra l’émergence d’une « Europe-Nation ».

Les intervenants parlèrent enfin de la montée de l’extrême-droite dans l’Union Européenne. Selon eux, le problème vient avant tout de la recherche de l’identité et du manque d’intégration. En effet, les divers problèmes sociaux et économiques ont souvent pour conséquences un repli sur soi, et la recherche de sécurité qui provoque l’exclusion des « autres ». C’est donc ici que doit intervenir, selon les débatteurs, l’Union Européenne. Par une unité de discours sur les valeurs et une lutte contre l’ultranationalisme, les pays membres de l’Union Européenne doivent proclamer encore et toujours leurs principes communs, fondés sur les droits de l’homme, qui donneront à l’identité européenne une lisibilité accrue.

Mais la Charte des Droits fondamentaux n’a pas valeur juridique car le Traité constitutionnel a été rejeté par les Français et les Néerlandais, faut-il le rappeler, en 2005.

Le débat terminé, les spectateurs furent invités à se rejoindre au cocktail. Malheureusement, il fut impossible de parler avec des participants ; la « barrière de la langue », encore. Nous nous consolâmes grâce aux petits fours mis à notre disposition. Ce débat, malgré un début laborieux, fut très intéressant, non seulement au sujet de la jeunesse européenne, thème central, mais également au sujet des valeurs et des enjeux futurs.