A la rencontre de l’euroscepticisme suédois….
par Eva Parker et Morgane Suquet
2/11/2010, questionnaire.
Au cours du mois d’octobre nous avons reçu au Lycée quatre élèves suédois et leur professeur de français, en visite à Paris. Ce fut l’occasion pour nous d’essayer de dialoguer avec eux (difficile !!) et d’échanger nos adresses électroniques. En réponse à un questionnaire que nous lui avons fait parvenir, le professeur M. Gustafsson a bien voulu recueillir pour nous les propos et sentiments de 57 lycéens, 44 collégiens et 22 professeurs suédois au sujet de l’Europe. Voici donc leur « interview » introduite et résumée judicieusement par le professeur.
Mr. Gustafsson: Bonjour! Voici les réponses de mes élèves et de mes collègues, environs 123. Il faut dire que mes élèves du lycée ne comprennent pas grand choses à l’Europe, les questions étant compliquées, j’ai parfois exigé une réponse OUI ou NON à certaines questions, et même avec cela, mes élèves râlaient parce qu’il ne comprenait pas la question en suédois.. J’ai aussi eu quelques réponses comme “je m’en fous de l’Europe”, “l’Europe c’est de la m….”
Club UE: Avez-vous un sentiment d’appartenance européenne? Vous sentez-vous d’abord européen ou d’abord suédois?
(121 réponses)
Mr. G: Sur 121, 104 se sentent d’abord suédois, 2 se sentent européen, 15 n’ont pas compris la question et 2 n’ont pas répondu. Les réponses ont été étoffées de commentaires tels que “européen? Qu’est ce que cela veut dire?” ou encore “on fait parti de l’UE mais je ne sais pas trop ce que cela veut dire” ; sinon la plupart semble s’affirmer comme étant suédois, ensuite nordique et puis peut-être un peu européen.
Club UE: Y-a-t’il, selon vous, une identité européenne? Si oui, comment la décririez-vous?
Mr. G: Peu de personnes ont réellement répondu à la question (35 n’ont pas répondu), environs 42 personnes ont déclaré ne pas savoir ce que voulait dire “être européen”, mais j’ai pu relever des commentaires déclarant qu’il n’y a pas d’identité européenne, ou encore comparant l’Europe aux Etats-Unis, pleine d’inégalités et d’injustice, et préférant garder les identités nationales. La question n’a, dans l’ensemble, pas très bien été comprise.
Club UE: Êtes-vous sceptiques par rapport à l’Union Européenne?
(123 réponses)
Mr. G: 92 ont répondu qu’ils étaient sceptiques, 7 sont réellement pour l’UE, et 24 se disent sans avis.
Club UE: Est-ce l’idée d’une Union Européenne qui vous dérange ou plutôt la perte de souveraineté nationale?
Mr. G: 70 personnes expriment la peur de perdre la souveraineté de leur pays, même si parmi eux, 54 pensent que l’idée est bonne et 55 personnes n’aiment pas l’idée d’une union et ne ressentent pas concrètement les changements qu’elle induit.
Club UE: L’extrême droite devrait faire son entrée au Parlement suédois pour la première fois. Liez-vous la montée du nationalisme avec celle de l’eurosceptisme?
(123 personnes)
Mr. G: 118 personnes trouvent cet évènement très grave et terrible pour une démocratie comme la Suède, et 5 élèves sont contents de la montée du nationalisme..
12 personnes lient cela à la montée de l’eurosceptisme, 89 ne le pensent pas et 24 le supposent.
Club UE: Quel est votre sentiment face à l’entrée envisagée de la Turquie dans l’Union Européenne?
(123 réponses)
Mr. G: 19 n’étaient pas au courant que la Turquie n’appartenait pas encore à l’Europe, 55 pensent que si l’Europe veut être unie, elle doit l’être pour tout le monde (?), 15 sont contre et 34 n’ont aucun avis sur la question.
Club UE: Comme la plupart des pays européens, la Suède fait face à un fort taux de chômage. En France, une partie de l’opinion publique tient pour responsable l’Union Européenne. Qu’en est-il chez vous?
Mr. G: Sur 123 réponses, 13 déclarent l’UE responsable, 90 pensent que le chômage est une conséquence de la crise, qui a touché toute l’Europe, mais de laquelle elle n’est pas responsable. Enfin 20 personnes n’ont pas d’avis sur la question.
Club UE: Quel a été votre regard face à la crise grecque?
Mr. G: Il n’y a eu que très peu de réponses à cette question, souvent des commentaires comme “la Grèce est un pays pauvre mais cela ne regarde pas l’UE” ou encore expliquant que la crise grecque était grave mais qu’elle n’avait rien à voir avec l’UE.
29 personnes ont déclaré ne pas comprendre l’intérêt de la question vu que la Grèce ne faisait pas partie de l’UE… ( !)
Club UE: Les médias suédois parlent-il beaucoup et souvent de l’UE? Si oui, l’eurosceptisme suédois s’y fait-il ressentir?
Mr. G: Sur 123, 89 pensent que les médias suédois en parlent beaucoup, et 33 pensent qu’ils en parlent trop. 41 personnes trouvent que l’Europe est glorifiée à la télé. Certains commentaires expliquent que les problèmes d’autres pays européens sont montrés à la télé et que les gens les interprètent comme étant la faute de l’Union Européenne.
Club UE: L’Union Européenne est-elle étudiée durant la scolarité suédoise? Si oui, cette partie de votre programme vous donne-t-elle plus confiance en l’Union Européenne ou, au contraire, accroît-elle votre scepticisme à son égard?
(101 réponses, les professeurs n’ayant pas répondu)
Mr. G: 79 personnes pensent que les professeurs ne sont pas assez neutres sur la question. Beaucoup de réponses ont été étoffées de commentaires accusant les professeurs de vouloir glorifier l’idée d’une Europe unie (par exemple “les cours sont trop centrés sur l’idéalisation de l’Europe”). 52 élèves pensent qu’ils parlent trop de l’Europe en cours, même si 70 élèves prétendent ne rien savoir sur l’Europe.
Cette petite proportion de population suédoise que nous avons pu questionner reflète un état d’esprit revendiqué par les Suédois. En effet, lors de notre rencontre avec monsieur Gustafsson, celui-ci nous a clairement affirmé que la Suède était très eurosceptique dans l’ensemble, et ses élèves riaient. Les réponses à nos questions nous le prouvent parfaitement.
L’ignorance sur le sujet peut être parfois frappante, comme avec la question de la Turquie, ou celle concernant la Grèce. Avant de se sentir européen, il semble logique de savoir au moins qui sont les Européens et qu’est-ce que l’Europe ; au moins avoir envie de se poser la question. C’est pour cela que nous expliquons, majoritairement, le scepticisme suédois par le manque de connaissances sur le sujet.
La question reste de savoir s’il est subi ou voulu.
Et pourquoi les élèves pensent que les élites veulent « idéaliser » la construction européenne.
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Il semblerait que le sentiment d'"identité nordique" passe avant celui d'identité européenne, dans les pays scandinaves...
RépondreSupprimerUn "État fédéral" commun séduirait 42 % des Nordiques (le monde.fr - AFP | 02.11.10)
Quelque 42 % des habitants des cinq pays nordiques (Suède, Danemark, Norvège, Finlande, Islande) sont favorables à l'idée d'un "Etat fédéral" commun, selon un sondage publié à l'occasion d'un sommet du Conseil nordique mardi à Reykjavik.
Les personnes sondées étaient interrogées sur un scénario où les pays nordiques auraient "un seul chef de l'Etat, une politique extérieure et un système juridique communs avec un gouvernement semi-autonome dans chaque pays", selon l'enquête d'Oxford Research, une ONG indépendante. Les hommes sont plus favorables que les femmes à cette idée, qui trouve son meilleur accueil en Suède et en Islande, selon le sondage.
Parmi les trois raisons favorables les plus fréquemment invoquées par les sondés figurent : "cela donnerait aux pays plus d'influence internationale", "la culture est identique dans les pays nordiques" et "cela renforcerait l'Etat-providence". Les trois raisons les plus défavorables sont "nous perdrons notre identité nationale", "nous avons peur de perdre la démocratie de proximité" et "il y a trop de différences entre les pays".
L'idée d'une Fédération nordique a émergé dans le débat public ces dernières années pour remédier à la petite taille des riches pays nordiques et au fait que le Danemark, la Suède et la Finlande manquent de poids au sein de l'Union européenne.
(Le sondage a été réalisé entre le 22 et le 27 octobre auprès de 1.032 personnes : 302 en Suède, 201 en Finlande, 200 au Danemark, 200 en Norvège et 129 en Islande).